Sous le thème «Honorons-les quand ils sont encore vivants», la Fondation Femidejabat a décerné, vendredi le 19 juillet 2019, un prix aux chanteurs Mathias Mijuriro et Sylvestre Ciza, deux anciens chanteurs burundais. Cela, parce qu’ils se sont donnés corps et âme à faire évoluer la musique burundaise et à enseigner l’amour de la patrie à travers leurs chansons.
Dans la salle des Conférences de l’Institut National de Santé Publique(INSP), différents clubs culturels, instruments musicaux et différentes mélodies s’y entendaient. Ce sont ces clubs qui ont agrémenté les cérémonies avant, pendant et après la remise des prix.
Dans son discours, le représentant de la Fondation Femidejabat, Minani Félicien Nsengiyumva a fait savoir que depuis la nuit des temps, au Burundi, on entend parler des exploits du héros après sa mort alors qu’on devrait lui rendre hommage quand il est encore vivant. Il indique que c’est regrettable qu’un chanteur ait consacré sa vie à contribuer au développement du pays à travers ses oeuvres mais qu’on ne le lui reconnait pas. Et d’expliquer que c’est de cette façon que la fondation s’est engagée à reconnaitre les chanteurs quand ils sont encore en vies. Il ajoute que chaque année, la fondation décernera un ou deux prix aux chanteurs en guise de leur reconnaissance.
500 000 FBu et un certificat d’honneur
Pour l’édition 2019, c’est Mathias Mijuriro, un retraité du ministère de la Jeunesse qui a reçu un prix. Il affirme qu’il a travaillé 40 ans pour ce ministère. M.Mijuriro est reconnu pour son instrument musical «Umuduri». Il est aussi le père des chanteurs Alfred et Bernard, qui, eux aussi jouent à l’instrument de leur père. Pour ceux qui ne connaissent pas Mijuriro alors qu’ils habitent dans la capitale économique, c’est un homme âgé de 60 ans. Il sillonne au centre-ville ou dans les quartiers périphériques surtout Buyenzi, Bwiza et quartier asiatique. Son endroit le plus préféré est la Saga plage, toujours avec son instrument musical (umuduri). Il marche à pied. Son accoutrement prouve qu’il mène une vie modeste comme il l’affirme. Dans ces quartiers, il vend son talent. Lorsqu’il chante pour les gens, ils lui donnent quelques sous «Si je parviens à rentrer avec 5000 FBu, c’est beaucoup. Puisque je ne parviens pas à subvenir à mes besoins, je devrais me débrouiller», dit-il. Mijuriro a donc eu comme prix une enveloppe de 500 mille FBu et un certificat d’honneur. Il indique que depuis sa carrière, c’est la première fois qu’il bénéficie un prix.
L’autre chanteur qui a bénéficié un prix, c’est M.Sylvestre Ciza, secrétaire au Collège Communal Ntega (Kirundo). Son âge avoisine presque à 55 ans. On lui reconnait pour sa chanson «Burrundi ur’umutima w’Afrika nzogukunda gushika gupfa. Comme Mijuriro, Ciza explique que c’est la première fois qu’il bénéficie un prix. Il se dit étonné car depuis sa carrière, personne n’avait reconnu le travail qu’il a accompli. Il a reçu également une enveloppe de 500 mille FBu et un certificat d’honneur. Et Mijuriro et Ciza, ils se disent satisfaits par le prix qu’ils viennent de bénéficier mais demandent au gouvernement en particulier et à tout le monde en général qui reconnait ses oeuvres de leur honorer comme la Fondation FemideJabat.
Silas Damara, secrétaire et trésorier au sein de l’Amical des Musiciens du Burundi salue le geste posé par la Fondation. Il informe que l’amical des musiciens a, dans ses projets, celui de reconnaitre et honorer les anciens chanteurs car, pour lui, ce sont eux qui chantaient pour divertir, former et développer le pays. Il déplore le fait que certains chanteurs actuels ne chantent que pour chanter.
En plus de Mijuriro et Ciza, certains membres de la Fondation ont été primés pour avoir contribué au développement et à l’épanouissement de la Fondation au Burundi et ailleurs.
Mathias Ntibarikure / Ejoheza